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Introduction1En France, le port du voile a fait couler beaucoup d’encre, allant jusqu’à mettre en place une loi interdisant le port du voile à l’école publique et dans les établissements publics. Cette interdiction est liée à la laïcité française principe de droit public qui se réfère en France à l’unité du peuple et se fond sur trois exigences la liberté de conscience, l’égalité de tous les citoyens quelles que soient leurs convictions spirituelles, leur sexe ou leur origine et la visée de l’intérêt général, du bien commun à tous, comme seule raison d’être de l’État ». 2En principe, la laïcité Pena-Ruiz, 2003 est un idéal dont l’originalité est qu’il permet à tous, croyants et athées de vivre ensemble sans que les uns et les autres ne soient stigmatisés mais pourtant la réalité est bien différente. 3Le voile se pratique dans les pays musulmans mais aussi en Occident. Le type de voilement est laissé à l’appréciation de l’imam, du père ou de la femme. La femme musulmane ne doit pas seulement veiller à sa virginité mais à son capital, dont le voile fait partie. Car le voile est là aussi pour sauvegarder l’honneur dans la mesure où il protège la femme contre toutes les tentations. La famille joue évidemment un grand rôle dans le comportement de la femme, et le père, l’oncle, le frère, les beaux-parents attendent respect et obéissance de la part de la femme. 4Selon les sources diverses, les femmes de l’époque et de la société de Mahomet ne se soumettaient pas à la coutume du hijab. Cette coutume se serait généralisée et consolidée avec le progrès de l’islam. Dans l’histoire du hijab, il y a un rapport entre la question des classes sociales et celle de la réclusion. Les femmes esclaves étaient exclues de cet usage. Le port du hijab aurait été réservé aux honneurs des classes supérieures. En outre, ce qui serait probable dans les anciennes sociétés arabes où les guerres étaient nombreuses entre les tribus et où les femmes étaient généralement enlevées comme un butin précieux, l’homme s’est arrangé pour mettre les femmes à l’abri dans des endroits qui étaient inaccessibles aux attaques de l’ennemi. La réclusion serait donc née des mœurs guerrières. 5Cet article s’intéresse aux femmes qui portent le voile, en tentant d’analyser le sens qu’elles donnent à cet acte. Pourquoi le portent-elles ? Quelles explications donnent-elles ? Est-ce par obligation ? Est-ce un choix libre ? Est-ce par stratégie matrimoniale ? Notre but a surtout été de faire parler ces femmes et de saisir les raisons qu’elles donnent à ce comportement considéré par certains comme un acte de foi et par d’autres comme un signe de – La femme dans l’islam6La société préislamique [2] était une société tribale, patriarche, polygame dominée par les commerçants et les négociants. L’homme avait le rôle de la personne morale, décideur et dirigeant. Il était le pilier économique de la société bédouine. Il était considéré comme un être achevé contrairement à la femme. Les fillettes des familles pauvres étaient souvent enterrées à la naissance par leurs propres parents. Le rôle de la femme dans cette société se limitait aux murs du foyer. L’arrivée de l’islam allait perturber l’ensemble des relations des individus entre eux. Le statut social de la femme a changé. Ce qui n’a pas changé est que certaines femmes soient limitées dans leurs déplacements et leur espace. La femme musulmane devait et doit toujours veiller à son capital, à son honneur, à sa virginité. D’un côté la question de l’honneur prend racine dans la coutume ancienne pudeur collective, vengeance, crime du sang. De l’autre, elle est conforme à l’esprit de l’islam qui veut protéger la femme contre les tentations. 7Le voile, signe et symbole de l’enfermement de la femme, privée de liberté individuelle dans les pays où se pratique l’islam, ou selon l’image du sens commun dans les pays occidentaux, donne de cette religion une image répressive et négative. Aujourd’hui encore les droits juridiques basés sur la charia, n’assurent pas l’égalité de droit entre l’homme et la femme. Les femmes ont une position inconfortable dans les pays où les fondamentalistes appliquent de manière littérale les versets coraniques. 8Pendant que le christianisme présente son prophète l’enfant de Dieu », sous un aspect saint et surhumain, l’islam montre un prophète qui reste un homme doux, bon, capricieux, passionné dans sa vie personnelle et en relation avec les autres et aussi jaloux puisqu’il aurait interdit à ses femmes de se remarier après lui » [3]. 9Enfin, le discours de Mahomet sur les femmes semble quelquefois contradictoire ainsi une femme qui aurait été giflée par son mari l’a sollicité pour rendre justice. Il hésita et Dieu lui inspira les hommes prévalent sur les femmes ». L’accusation fut rejetée mais ce jugement du Coran perdure. Quand il a su que les Persans avaient porté au trône la fille de Koroes, il s’écria rien ne réussit à ceux qui se laissent gouverner par les femmes » Fahmi, 2002. De même, il s’indignait de voir les hommes frapper leurs femmes comment n’a-t-on pas honte de frapper sa femme comme on frapperait un esclave et puis l’embrasser ? ». 10Ainsi, si Mahomet s’écrie que la femme est fatale, il dit également que la vie est un composé de biens dont le meilleur est une femme honnête. Et s’il doute que la femme soit capable de gouverner un peuple, il est prêt à lui laisser la souveraineté de sa maison et de ses enfants. Les contradictions de Mahomet vis-à -vis de la femme se retrouvent auprès de ses successeurs et perdurent. 11Pour ce qui est du voile, précisons qu’il a été rendu obligatoire dès le XIIe siècle XVIIe siècle avant Mahomet par le roi d’Assyrie Irak les femmes mariées n’auront pas leur tête découverte. Les prostituées seront voilées ». La tradition a longtemps considéré qu’une femme devait se couvrir devant les hommes en signe de modestie et c’est avec le christianisme que le port du voile est devenu une obligation théologique. Le hijab » [4] prescrit par le prophète concernait uniquement ses femmes O prophète ! Dis à tes femmes, à tes filles, aux femmes des croyants d’abaisser sur leur front leur Djilbab [5], on les distinguera par là , et elles ne seront pas exposées à être insultées » Coran, sourate 33, verset 59, et il n’est pas le voile utilisé dans les pays musulmans. L’islam n’a jamais interdit que l’on voie le visage et la main de la femme. Le prophète recommanda même aux hommes de voir la femme avant le mariage. Certains pays musulmans ont pourtant interdit de voir le visage d’une femme à l’exception des parents Castel, 1996. 12Avec le développement de l’islam, le voile et la réclusion ont pris une importance croissante. La sévérité envers la femme sera plus grande au XIXe siècle de l’Hégire [6]. Le sultan d’Égypte interdira à toutes les femmes de sortir. Si Mahomet laissait aux femmes la liberté de faire la prière à la mosquée et de laisser voir leur visage et leurs mains, ici le changement est radical. Bref, les recommandations coraniques formulées en direction des femmes libres et l’obligation pour le port du djilbab ont fait l’objet de plusieurs interprétations qui ont donné l’occasion d’aggraver encore la situation de certaines femmes. Enfin, on peut constater que depuis Mahomet, le hijab, outil de protection et de distinction des femmes du prophète, a été adopté par les femmes de classes aisées et il a ensuite été généralisé à toutes les femmes musulmanes comme vêtement distinctif de leur pudeur et de leur dignité mais aussi de leur indignité dans la civilisation soi-disant moderne. 13Le voile, souligne Lucette Valensi, sépare et exprime l’interdit d’engager un échange entre un homme et une femme voilée. Il est l’une des manifestations de la modestie, de la pudeur, qu’on attend des femmes vertueuses. Il permet de défendre l’honneur familial auquel les femmes portent atteinte si elles éveillent le désir des hommes en dehors des liens conjugaux. Il revient alors aux hommes de venger cet honneur offensé [7]. » Les crimes d’honneur on les retrouve encore dans beaucoup de pays, Jordanie, Pakistan, etc., on les retrouve également dans certaines sociétés méditerranéennes jusqu’à la fin du XIXe siècle Espagne, Grèce, Sicile, etc.. En France, on a préféré légiférer sur le port de voile, l’interdisant dans les espaces publics en tant que signes ostentatoires. Le fait de légiférer est certes une manière de clarifier le débat, mais souvent on oublie encore actuellement le choix volontaire comme l’une des possibilités du port du voile, ainsi que l’ont souligné Françoise Gaspard et Farhad Khosrokhavar [8].2 – Le foulard des femmes14Françoise Gaspard et Farhad Khosrokhavar 1995 distinguent trois cas de figure de port du voile 15Le voile des femmes traditionnel. Porté par les femmes d’un certain âge, ce voile représente le signe de la permanence de l’identité d’origine. Ces femmes portent le voile depuis leur enfance, elles ont vu leur mère le porter et sont arrivées avec lui. Le voile dans ce cas est un élément de leur identité, de leur esthétique, et de l’immigration. C’est aussi un moyen de montrer l’attachement aux valeurs ancestrales, en même temps qu’il rassure l’homme car il est un signe de fidélité aux valeurs communautaires. 16Le foulard des adolescentes. On distingue d’une part le foulard porté par des jeunes filles pour faire plaisir à leurs parents – c’est là où la loi aurait un sens. Pour ces filles, le foulard leur permet de concilier les deux aspects français et musulman. Elles peuvent le porter pour sortir, échappant ainsi au confinement dans l’espace privé. D’autre part, le port du foulard par certaines filles est parfois de l’ordre de la contrainte pure et simple exercée par les parents sur les jeunes filles qui refusent de le porter. Pour ces jeunes filles aussi, la loi a tout son sens parce qu’on se heurte ici quelquefois au rôle répressif des frères ou au diktat parental, qui peuvent pousser la jeune fille au traumatisme. 17Le voile revendiqué. Certaines jeunes filles de 16 à 25 ans revendiquent le voile, en accord avec leurs parents ou parfois contre leur gré. Pour ces filles, l’islam s’inscrivant dans leur voile est réinventé, retravaillé et réactualisé sous une forme différente de la tradition ». Avec ces jeunes filles diplômées et autonomes, pas question d’enfermement dans la maison, et pas non plus de mariage contraint Le voile n’est plus le signe d’une soumission aveugle à la tradition, ni l’expression de l’enfermement dans l’espace de la féminité ancestrale, en retrait sur l’espace public. C’est un voile qui légitime l’extériorisation de la femme et simultanément donne un sens moral à sa vie, en l’absence de solution de rechange dans une société française où n’existe plus d’entreprise collective d’instauration du sens. Ce type de voile reflète la volonté d’auto-affirmation, non seulement face aux parents mais aussi vis-à -vis de la société française qui refoule au nom de l’universel » Gaspard et Khoroskhavar, 1995.3 – Les femmes voilées face à la – Profils sociologiques des enquêtées18La recherche porte sur 12 femmes voilées dont l’âge varie de 22 à 43 ans une seule a la quarantaine, les 11 autres sont âgées d’une vingtaine d’années. Hormis la femme de 43 ans, la moyenne d’âge est de 25 ans. Ces femmes sont toutes mariées et ont un capital scolaire appréciable, allant du diplôme universitaire technologique à un doctorat en médecine. Il s’agit d’un échantillon de femmes que nous pouvons classer du côté des intellectuelles. Leurs parents – voire elles-mêmes – sont arrivés en France depuis une vingtaine d’années certaines femmes sont nées en France. – Le système éducatif dans la famille19Nous avons voulu connaître le système éducatif de la famille d’origine des enquêtées. Comment racontent-elles les rapports avec leurs parents et leurs frères ? Comme il en résulte de leurs discours, leurs rapports au sein de la famille étaient très bons, sans contrainte traditionnelle. L’éducation reçue était celle qui était attendue selon les régions ou les pays d’origine. Il n’y avait pas de femmes pour lesquelles l’obligation religieuse était forte auprès des enfants. Il est d’ailleurs surprenant de voir que certaines personnes ont porté le voile très tard, alors même qu’à la maison la mère en portait, ou encore certaines personnes portant le voile alors que leur mère ne l’a jamais porté. Les relations entre les garçons et les filles sont à peu près égalitaires […] maintenant je ne nie pas des fois il y a des petits débordements ou des fois des excès qui peuvent paraître injustes. On ne peut pas nier au niveau de l’éducation… bon, d’une part on va plutôt dire à la fille de faire la vaisselle et au garçon d’aller acheter du pain, au garçon de porter des trucs lourds… Mon père a toujours été très doux, très gentil avec moi… » Amina, 25 ans. C’était vraiment un genre de patchwork. Ma mère… bon je ne sais pas, je ne peux pas vous dire honnêtement si ma mère s’est convertie à l’Islam. Toujours est-il… bon elle était chrétienne. J’ai toujours vu ma mère faire le ramadan. Tout le monde m’a dit “ta mère s’est convertie”. Mais peut-être que quand j’étais plus jeune, je disais “oui ma mère s’est convertie”, parce que je la voyais faire le ramadan avec nous, mais je pense personnellement, maintenant qu’elle est morte, je ne veux pas ressortir certaines choses mais je ne pense pas qu’elle s’est vraiment reconvertie de cœur. Je pense qu’elle a dû faire comme tous les membres de la famille pour pouvoir un petit peu s’aligner. Elle n’était pas très pratiquante, ni d’un côté, ni de l’autre. Je pense qu’elle n’a pas vraiment épousé la religion musulmane… La religion n’a pas vraiment fait partie de notre vie, on faisait ramadan parce que tout le monde faisait ramadan… J’ai deux frères et deux sœurs et on est trois filles. J’ai un demi-frère du côté de mon père. Mon père n’est pas du genre “la fille soumise, le garçon le roi”. On a vécu tous sur le même pied d’égalité, surtout après la mort de ma mère… » Rania, 43 ans. Je m’appelais Fanny et je m’appelle toujours Fanny pour certaines personnes. Aujourd’hui je m’appelle Safia, je mettrai le fait de changer le nom au même titre que de mettre le foulard. Dans ma famille ma mère n’a jamais été contre la religion ; mon père complètement. Lorsque mon père tenait de mauvais propos vis-à -vis de la religion ou des chrétiens ça passait pas dans mon cœur. Pour moi, c’était irrespectueux alors que j’étais vraiment jeune. Et puis en grandissant, en côtoyant certaines personnes, il y avait des choses qui m’interpellaient par rapport au ramadan, pareil je me posais des questions mais j’étais très jeune, j’étais au collège. Après au fur et à mesure, j’ai posé des questions, je me suis intéressée et je me suis dit ça a l’air d’être en adéquation avec mes valeurs. Au début, j’étais pas du tout en contact avec la communauté musulmane. Pendant longtemps, même une fois que pour moi dans mon cœur j’étais musulmane, en fait ma démarche était vraiment toute seule. J’avais peut-être une copine musulmane et qui me donnait des informations mais qui elle-même avançait à son rythme et qui n’était pas du tout en relation avec la communauté musulmane que par sa mère. Donc en fait j’ai eu des informations, savoir où acheter des cassettes ou les livres et j’ai vraiment fait mon cheminement hors de la communauté on va dire… Ça a surtout commencé au collège où j’avais des copains qui faisaient le ramadan et plein de copains qui faisaient le ramadan avec des copines et je voulais essayer. Et j’ai aussi fait le ramadan quand j’étais jeune mais ça n’a été qu’une petite période et mon père m’a grondé, m’interdisait de faire le ramadan alors je faisais le ramadan en cachette, n’importe comment bien sûr… je ne mangeais pas alors qu’il faisait nuit à 8 heures et j’attendais 22 heures pour manger et je me cachais, je faisais semblant de manger… seconde première je ne mangeais plus de porc, après très rapidement en terminale je ne mangeais que Hallal, pour moi ça y était, j’étais musulmane » Safia.Comme nous l’avons dit, la réussite de l’éducation leur a semblé une chose normale ; personne n’a exprimé un choix religieux sous contrainte, ni connu un mariage forcé comme nous avons pu le voir dans d’autres travaux. Ce dernier discours montre toutefois que le choix de la religion n’est pas toujours lié à la socialisation familiale mais est parfois lié à l’environnement et à une révélation personnelle. C’est le cas de Fanny, française, qui s’appelle Safia et s’est convertie à l’Islam par un processus personnel. Il ne s’agit pas d’un cas isolé, certaines Françaises se convertissant par le mariage, alors que d’autres le font par choix personnel et sans contrainte – Connaissance de l’islam20À la question où avez-vous appris l’islam ? Premières connaissances, c’est par mes parents, par ma mère. J’ai été baignée dans une atmosphère religieuse, donc j’ai eu toutes ces connaissances de base qui ont été en fait relayées par une éducation on va dire islamique à la mosquée où en plus de ça on apprenait des au niveau de la langue arabe. Mais ensuite toute la masse de la connaissance elle s’est plutôt faite d’un point de vue personnel, avec des lectures. J’ai été baignée dans le milieu mais en dehors de tout ça, il y a eu pour tout le monde, je pense un moment, puisque personne ne m’a obligée à être musulmane, y a un moment où on s’interroge, où on se demande… sur les différentes religions, sur les différents messages que les religions apportent et puis après on se rend compte que l’islam semble être la religion la plus moderne puisqu’elle est la plus récente » Amina, 25 ans. Chez nous on n’a jamais fréquenté la mosquée, ni rien. On était à l’école classique. On avait ce qu’on appelle l’éducation religieuse mais c’était quoi ? Apprendre l’islam, les bases, ce qu’on apprend à l’école classique. Apprendre les cinq piliers, les ablutions et tout. Il y a aussi ce qu’on apprend tous les jours et ce que vous apprend la vie et ce que peut apprendre une maman à ses enfants ne vole pas, ne mens pas, bon c’est vrai que c’est marqué noir sur blanc dans les livres religieux… Je n’ai pas appris, j’ai commencé vraiment à lire au point de vue religieux, il y a deux ans donc à 41 ans, je crois à partir du moment où j’ai mis le voile, j’ai essayé d’apprendre, mais avant non. J’ai toujours été honnête envers moi-même avant d’être honnête avec les autres. Depuis très jeune, je ne trichais pas, je ne mentais pas, bon ça m’est arrivé de mentir comme n’importe quel enfant, c’est normal, mais je me rappelle d’une chose, ma tante avait une boîte de couture où il y avait une petite main de Fatma en argent. Je devais avoir 9 ans, je crois. J’ai volé cet objet et j’ai 43 ans, je n’ai pas oublié cette main de Fatma que j’ai volée. J’en avais envie, j’ai 43 ans je n’arrive pas à oublier parce que c’était une des rares choses que j’avais volées » Rania, 43 ans. En voyant mes parents pratiquer et je suis spécialisée aujourd’hui dans la religion… déjà en Tunisie j’ai été tardivement à l’école coranique vers l’âge de 9 ans. Ici je suis tous les vendredis dans les mosquées et j’ai fait aussi des formations de religion… » Asma, 27 ans.L’apprentissage de la religion s’est fait de plusieurs manières selon les enquêtées. Incontestablement, la première chose est un apprentissage acquis au sein de la cellule familiale, suivi d’une découverte personnelle, comme nous l’a relaté – La décision de porter le voile21Il n’est pas question de revenir ici sur ce qui a été dit dans la première partie de ce texte. Rappelons toutefois que le Prophète a souvent été décrit, généralement, comme un homme doux qui s’entendait très bien avec ses femmes et qui leur accorda un rôle politique important. Avant la mort de Khadidja, il menait une vie monogame rigoureuse. Il épousa ensuite plusieurs femmes, notamment des veuves qui auraient été délaissées sans la possibilité de remariage. Il aurait, semble-t-il, voulu améliorer la situation de la femme par rapport à la Djâhiliya. Dans le Coran, on trouve ceci Dis aux croyants de baisser leur regard, d’être chastes, ce sera plus pur pour eux. Dieu est bien informé de ce qu’ils font. Dis aux croyantes de baisser leur regard, d’être chastes, de ne montrer que l’extérieur de leurs atours, de rabattre leur voile sur leur poitrine, de ne montrer leurs atours qu’à leurs époux. » Au fond les directives concernant la chasteté s’appliquent aux deux sexes et les instructions concernant le voile ne sont pas exemptes de reproches. Certaines traductions notamment la dernière recommandent de ne montrer que l’extérieur des atours, c’est-à -dire ce qui est visible. Donc, on pourrait supposer que l’interprétation du texte pourrait se faire en fonction des us et coutumes en vigueur. Le fait de voiler le visage est en Islam une nouveauté pour laquelle il n’existe pas de vrai fondement dans le texte coranique. Le Prophète demanda aux femmes musulmanes de se vêtir différemment pour ne pas être importunées mais il ne demandait pas plus O Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leur voile, c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées. » 22La question qui nous intéresse ici est de comprendre le sens que ces femmes que nous avons interviewées donnent au voile. Les discours recueillis donnent plusieurs raisons comme on peut le lire ci-dessous 23 Moi je porte le voile, ce n’est pas une obligation religieuse. Depuis longtemps, je ne le portais pas mais je l’ai porté en fait pour concrétiser mon engagement, c’est plutôt mon vécu comme ça à la base » Amina. 24Le port du voile, c’est la trajectoire de la personne, le vécu », l’achèvement d’un parcours spirituel, et aussi un combat intérieur contre toutes les tentations Je ne le porte pas comme un signe religieux mais comme une expression spirituelle d’une foi. » 25Le port du voile est aussi une recherche de soi-même, une recherche d’identité, comme le souligne Mouna 26 Je porte le voile… parce qu’à un moment donné on est dans cette d’identité. On est en train de rechercher quelque chose et, en fait, quand j’étais dans cette recherche, je lisais beaucoup de livres et j’étais plus intéressée, j’étais baignée dedans, je faisais mes livres, je faisais mes recherches moi-même. Une fois que j’ai comblé ce manque, c’est-à -dire au niveau de la religion, il y avait ce petit puzzle qui manquait. Et c’était le voile. Donc, je savais très très bien les répercussions que ça pouvait avoir, les retombées qu’il pouvait y avoir autour de moi et de ma famille. Je savais pertinemment. Mais je me suis dit, je le mettrai le jour où je serai vraiment prête pour Dieu. Cette force, je suis quelqu’un d’assez faible dans le sens où je n’aime pas me démarquer d’une manière ou d’une autre… » Mouna, 28 ans, voilée à 22 ans. 27Le port d’un voile est une révélation, dit Rania 28 Écoutez, j’ai jamais ressenti le besoin de porter le voile. Et un jour je me suis retrouvée tellement seule… déjà je vous dis que j’étais proche de Dieu. Moi, je fais ce qu’on appelle des rêves prémonitoires et des vrais… réels je veux dire, ça se passe réellement, je veux dire quand y a un mort dans la famille, je le sais 15 jours à l’avance… un jour j’étais tellement malheureuse parce que, sur une semaine, j’ai perdu ma grand-mère et mon grand-père et je savais qu’il allait y avoir un décès et il y a eu un décès… pour le voile c’était le vendredi à la place du marché et c’était pendant le ramadan, les dix derniers jours du Ramadan, j’avais dit que je mettrais le voile. Je n’en avais parlé à personne, je suis allée seule, j’ai acheté plein de foulards de toutes les couleurs, je me suis dit je vais rester quand même dans la coquetterie et je vais prendre ce qu’il y a de beau… je suis rentrée, j’ai préparé à manger pour mon mari et j’ai mis mon voile. Je suis sortie de ma chambre, j’ai dit aux enfants de ne pas rentrer, j’ai une surprise pour vous, j’ai mis mon voile. Mon grand fils m’a barré le chemin et m’a dit maman tu ne vas pas sortir comme ça ? Je lui ai dit si je sortirai comme ça et si tu as honte de maman, tu ne marches pas à côté de moi. Il a dit mais maman ce n’est pas possible tu ne vas pas mettre le voile. Je lui ai dit si je vais mettre le voile et si vous voulez renier votre mère, vous pouvez, je vous donne le droit de renier votre mère si vous voulez et ça a été l’effet de surprise, mais de quelques instants. Ensuite, j’ai dit je vais amener Papa manger avec moi, ils sont tous venus avec moi et je suis arrivée au travail de mon mari avec le voile et il n’en revenait pas… pour lui, j’étais la dernière personne à le mettre, c’était impossible » Rania, 43 ans. 29La décision amenant au port du voile est un processus, de maturation plus ou moins long ou inconscient et le deuil d’un état passé vers un état choisi ». Il s’agit d’un acte par lequel une autorité fait le choix d’une détermination, d’une résolution dont on fait preuve, et enfin d’une solution, terme final dans une affaire, d’un enjeu » [9]. 30Selon Michel Crozier, une décision est, en effet, toujours le produit d’un système d’action concret, que ce soit une organisation ou un système organisé, que ce soit un système d’action stable ou un système temporaire élaboré pour la circonstance » [10]. Dès lors nous pouvons dire que la décision de porter le voile ne découle pas d’un vide social et donc aucune décision ne peut être considérée comme rationnelle en soi, elle n’est que par rapport au système d’action qui la produit » Crozier, 1977, p. 303. 31La décision de porter le voile est une révélation liée à un parcours personnel, comme nous l’avons souligné, mais une décision préparée, réfléchie comme chez Rania, qui dit qu’une fois, elle s’est retrouvée seule et elle a senti le besoin de porter le voile. Seule au sens figuré, c’est-à -dire face à son Dieu, puisqu’elle est mariée et a des enfants. C’est à ce moment-là qu’elle a décidé de le porter. C’est un défi pour elle-même, pour sa famille et son entourage. 32La décision de porter le voile est liée à plusieurs explications, comme on peut le voir dans ces quelques discours, mais le poids de la religion est présent. Dans les différents types de voiles déclinés par Françoise Gaspar et Farhad Khoroskhavar, il faut souligner que, pour certaines femmes rencontrées, la religion représente l’identité ». Comme nous l’a dit Hafida, sans la religion, c’est comme si je n’existe pas parce que c’est elle qui réglemente ma vie ». Cette phrase peut déjà expliquer à elle seule le port du voile de certaines filles. Vivre sans la religion, c’est vivre comme un animal sans principe, sans valeur. Le port du voile de Hafida est une tradition dans la famille, c’est aussi une hérédité, sa mère se couvrait la tête avec un truc, un visage dixit, et puis on pratiquait parce que tout le monde pratiquait, il n’y avait pas à souffrir de la religion, du foulard, de tout puisque toutes les femmes se couvraient ». Le port du voile est assimilé par certaines femmes à la religion, à l’islam parce que, pour elles, on ne peut pas mettre de côté l’apparence, l’image de la femme Je ne peux pas dire que la religion est dans le cœur et ne pas avoir l’image de l’islam, et c’est ça l’image de l’islam ». Se couvrir la tête serait une partie de la femme, parce que porter le voile fait partie de l’islam » et, comme le souligne Mounia, on ne peut pas dire à une femme, sois musulmane et ne porte pas le voile… c’est comme si je te disais, toi, sois femme mais ne sois pas mère ». En fait, cette explication est compréhensible si on considère le sens qu’elle donne au voile. La métaphore de la femme et mère » montre aussi le lien que cette femme met entre le port du voile et la religion. Le voile fait corps avec l’islam. Si l’on suit les discours, il ne peut y avoir d’Islam sans voile dixit.4 – La réaction de l’entourage par rapport au port du – Des parents consentants aux parents non consentants33 Mes parents, ils étaient contre le port du voile. En fait, ils étaient contre complètement. Ils avaient peur pour moi. Ils savaient très bien comment ça allait se passer à l’extérieur, la pression que j’allais subir. Donc, ils étaient contre complètement, j’étais obligée de le porter en cachette d’ailleurs au début. J’étais obligée de le porter en cachette » Mouna, 28 ans. … Ils avaient peur mais de manière générale la réaction était positive. Au niveau de mes connaissances, de mes amis, ça a été également positif. Celles qui le portaient déjà ont été ravies, celles qui ne le portaient pas ont respecté mon choix… mais au niveau du travail, des études, ça a été un peu difficile… c’est même un euphémisme je pense que ça a été très difficile. »Le port du voile, pour certains parents, c’est la négation de sa propre culture religieuse. Nous pensons que c’est le monde à l’envers et cela montre comment la pression populaire empêche certaines personnes de pratiquer dans la liberté la religion de leur choix et tous les préceptes qui l’accompagnent. Pour les parents dont les filles sont voilées et qui n’ont pas accepté ce choix, ce n’est pas la rançon de l’intégration, mais la peur de la stigmatisation de leurs enfants. Cela renvoie à une nouvelle manière de croire, comme le disait Leila Babès. Pour d’autres parents, le port du voile par leur fille n’est que la concrétisation d’un cheminement religieux et de l’éducation qu’ils lui ont donnée. Le port du voile vient rehausser les valeurs familiales et les parents voient dans cet acte une récompense – Des milieux défavorables au port du voile34Ces discours révèlent que le port du voile n’est pas un long fleuve tranquille, et exige de l’adepte un effort considérable dans l’environnement où elle évolue. À travers ces discours, on peut comprendre le regard stigmatisant jeté sur les femmes voilées 35 Le milieu où j’ai évolué, c’est pas du tout un milieu qui était favorable au voile… Donc j’avais énormément de critiques, beaucoup de discrimination. Après, ça ne fait que renforcer puisqu’on se rend compte que voile ou non, ça ne change pas vraiment grand-chose. Quand on met le voile, les choses ressortent ouvertement. [Pour nous, le voile] c’est une réclamation qui est la reconnaissance de notre existence. C’est-à -dire en tant que produit de la société française, en tant que personne qui a été élevée dans les valeurs françaises et qui les aime sincèrement, mon choix n’est pas une négation de ce que j’ai reçu ou une ingratitude ou quoi que ce soit mais un choix qui va être en fait en âme et conscience de prendre part dans la société moderne, de ce qu’elle me donne, la société en démocratie dans laquelle je vis mais ce n’est pas une arriération. » Dans mon entourage, ça va très bien. Il suffit que je sorte de mon cocon et hop ! Mais c’est vraiment d’une planète à l’autre quoi… Quand je pars à la Défense ou vers Versailles c’est comme si j’étais une extraterrestre qui descend et puis bon, on se demande si cette personne sait réfléchir ou pas, est-ce qu’elle sait 1 + 1 égale quoi ? C’est à peine rentrez dans votre époque, ici vous n’avez rien à faire… franchement ce n’est pas encore très clair dans la tête de beaucoup d’autres personnes… donc c’est vraiment le handicap d’aujourd’hui, on se sent plus ou moins rejetées. Moi personnellement, je sais que le problème se pose un petit peu moins qu’avant, mais franchement quand je voulais travailler et faire la branche que je souhaitais, faire à côté mes études actuelles, la décoration, et vivre comme tout le monde, c’était super-déprimant pour moi. C’est vraiment on se sent rejeté. On vit en France, on paie les impôts, on paie tout, on applique toutes les lois, on essaie d’être réglo… je trouve que ça gâche une grande partie de notre vie, ça nous gâche beaucoup de choses à côté, tout n’est pas accessible pour les femmes voilées » Asma, 27 ans. Cela fait à peine quinze jours que je le porte sur la tête. Auparavant, le voile sur le regard était amplement suffisant mais, depuis, j’ai connu une expérience douloureuse sur mon lieu de travail où des hommes à qui je ne demandais rien se sont permis des commentaires grivois sur mon physique. Mon seul but est de travailler, de devenir quelqu’un de bien et ces hommes disent toutes ces choses qui me font mal. Il y a donc le moment où on est heureuse de porter le voile et un autre où les comportements nous y obligent » Aziza, 26 ans. 36Le port du voile a fait perdre des amis à certaines personnes, comme cela a été le cas pour Rania. Sa propre sœur, par exemple, n’a jamais accepté qu’elle porte le voile ma propre sœur, j’ai vu son regard ». Mais le voile, c’est aussi la stigmatisation, la catégorisation vous savez maintenant, y’a tellement de choses qui vous mettent à l’écart si vous êtes trop grosse, vous êtes à l’écart, si vous êtes moche, si vous portez le voile, vous êtes systématiquement à l’écart ». Pour Aziza, le port du voile, c’est aussi la souffrance ressentie face aux moqueries des hommes sur son lieu de travail. Nous avons remarqué que ce qui importait malgré la stigmatisation dont elles font l’objet, c’est la croyance ; la religion serait en effet considérée comme un code de la route, la base de tout dans la mesure où c’est le créateur qui l’aurait amenée sur terre et c’est le seul moyen qui permettrait de se confronter à la vie. La religion, nous a dit Asma, c’est comme un catalogue, comme on achète une machine », elle ouvre la voie et montre le bon chemin, le bon choix. 37Bref, il y a des filles voilées qui vivent des formes d’humiliations qui ébranlent la relation pratique à soi-même » [11], des formes de mépris qui finissent par stigmatiser le déficit de reconnaissance. Ces femmes n’ont pas seulement besoin d’un attachement affectif ou d’une reconnaissance juridique mais de jouir aussi d’une estime sociale. Par rapport à ces expériences d’humiliation, nous dirons comme Axel Honneth 2000 que les femmes voilées sont habitées par trois symptômes le sentiment de honte sociale, la colère, et l’indignation, comme le soulignait question des femmes voilées concerne celle du rapport homme-femme, une question dont les fondements ne sont pas évidents à déceler. Toutefois, nous pensons que cette manière de voir dans le port du voile une domination masculine et de considérer la musulmane comme une soumise permanente, est une déformation de la réalité à laquelle il faut être attentif. Les travaux de Nancy Venel ont montré que, pour les jeunes filles qui portent le voile, notamment à l’université, le port du voile est aussi une manière de revendiquer leur identité ; elles ne sont en rien ces femmes soumises dont le sens commun a tendance à faire l’écho [12]. Le voile ne pourrait-il pas être perçu comme un vêtement par lequel s’exprimerait la liberté de tout être humain de disposer de son corps, suggèrent Françoise Gaspard et Farhad Khosroskhavar 1995. Au fond, si la croyance et le port du voile doivent conduire à la relégation stricte de ces personnes dans la sphère privée, dans une sphère de vie non extériorisée, cela pose un problème de reconnaissance des croyances autres que les nôtres et c’est tout le contraire de la laïcité. 39L’intégration républicaine se fait autour des valeurs que chacun doit respecter, ce qui implique la tolérance vis-à -vis de l’histoire personnelle de chacun, de sa langue, de ses coutumes ou de sa religion. Il serait important de prendre conscience que cette diversité ne doit pas être vécue comme une fracture mais au contraire comme une source d’enrichissement mutuel. En même temps, la reconnaissance du droit de chacun à exercer sa religion dans le cadre légal sous la protection de l’État ne signifie pas que le droit a sa source dans la religion car, en matière de port du foulard par exemple, ou de législation relative au divorce ou à l’avortement, on voit bien qu’il y a une autonomie du droit de la République. En outre, il peut s’avérer que telle ou telle religion rencontre des difficultés, et cela peut nourrir un débat social ou politique même si, là encore, chacun se réfère à ses normes. Enfin, il faut que chacun puisse être libre, inséré au mieux dans un cadre d’égalité républicaine, tout en faisant attention dans les domaines extrêmement complexes renvoyant à la culture. Notes [1] Emmanuel Jovelin, sociologue est maître de conférences, directeur adjoint et responsable des Masters 2 Travail social en Europe et Développement social urbain, Institut Social de Lille, Université catholique de Lille. Il est membre du Laboratoire Pierre Naville et TEPP, Université d’Évry Val d’Essonne. [2] M. Chebel, La femme dans l’islam. La femme, ce qu’en disent les religions, Paris, Éditions de l’Atelier, 2002. [3] M. Fhami, La condition de la femme en l’islam, Paris, Allia, 2002, p. 41. [4] Hijab rideau, barrière physique et tangible entre les femmes et les hommes. Alors que la bourha est un voile qui couvre la figure depuis la racine du nez jusqu’aux genoux ou la poitrine. [5] Djilbab grand châle ou long manteau. [6] Hégire émigration, exil, nom de l’ère musulmane qui commence le 24 septembre 622 après que Mahomet et ses compagnons aient fui de La Mecque vers Médine. [7] Lucette Valensi, L’islamiste, la femme, le voile et le Coran », L’histoire, n° 281, novembre, 2003. [8] Françoise Gaspard et Farhad Khosrokhavar, Le foulard et la République, Paris, La Découverte, 1995. En ligne [9] Marina Mauduit, Des fonctions de conseiller en économie sociale et famille au statut d’encadrant, Paris, L’Harmattan, 2009. [10] Michel Crozier, L’acteur et le système, Paris, Le Seuil, 1977, p. 303. [11] Axel Honneth, La lutte pour la reconnaissance, Paris, Le Cerf, 2000. [12] Nancy Venel, Musulmanes françaises. Des pratiques voilées à l’université, Paris, L’Harmattan, 1999.
1 Antonio Gramsci, cité dans Hall 2008. 1Depuis 1989 et la première affaire du voile » et davantage encore depuis 2003 et les débats sur la loi sur les signes religieux à l’école, le voile islamique hijab occupe une grande place dans l’espace politique médiatique véritable condensé de significations politiques et facilitateur de controverses Göle, 2015, il révèle les tensions internes aux féminismes qui sont réticents ou opposés à l’intégration dans leur discours et pratiques d’une réflexion sur le rapport étroit entre l’histoire coloniale, d’une part, et les luttes et définitions du féminisme, d’autre part. Le voile a de fait été construit comme une anomalie au sein de la République, un signe religieux qui heurterait plus généralement le sens commun de l’égalité des sexes et de la laïcité comme valeur constitutive de l’Occident. Cet article porte non pas sur la signification du voile – fût-elle polysémique Mahmood, 2009 ; Bouyahia et Sana, 2013 – mais sur ce que le voile révèle depuis 1989 au sein de l’espace politique français et notamment du féminisme Dot-Pouillard, 2007 dans le premier cas, les tensions révélées se sont aiguisées au fur et à mesure de l’affirmation d’un féminisme dit décolonial porté par des femmes issues de minorités ethniques et culturelles femmes que l’on dit racisées » et qui postule un modèle décentré de libération des femmes ; dans le deuxième cas, se fait jour l’opportunisme politique lié à la politisation du hijab, dont la constitution en objet phobogène prend l’apparence d’un nouveau ciment social1 » pour des classes populaires fragmentées et fragilisées par l’épuisement des modèles de souveraineté nationale et de protectionnisme social et économique. Cette dernière fonction d’homogénéisation d’un peuple voué à ce que d’aucuns n’ont pas hésité à appeler l’insécurité culturelle » Bouvet, 2015 a conduit à la constitution d’un féminisme populiste ». Ce dernier correspond à la nationalisation » des questions féministes, autrement connue dans les études critiques de genre sous le terme de fémonationalisme » Farris, 2013 il s’agit là de la collusion entre le discours de préservation d’une identité nationale et l’activation des mémoires des luttes féministes comme relevant d’une mémoire nationale commune, déconflictualisée et occidentalo-centrée. 2L’une des questions qui motivent cette réflexion est le fait que la loi sur les signes religieux n’a pas été le dernier terme des affaires du voile », au contraire on a assisté depuis lors à un déplacement du conflit hors du cadre scolaire, jusque-là la scène unique privilégiée de la médiatisation des contentieux souvent ramenés à un différend culturel. De même, dans cette construction du voile comme un problème politique et social majeur, comme menace à la laïcité » ou au mode de vie à la française selon ses détracteurs, le voile lui-même finit par devenir un signifiant flottant qui peut prendre d’autres formes, comme celle du bandana, de la jupe longue, du maillot de bain trop couvrant, etc. L’objet de cet article est triple montrer comment les différentes affaires du voile s’inscrivent dans un temps plus long qui ne commence pas en 1989 mais durant la période coloniale pendant laquelle la France se disait à la fois puissance musulmane et où une frange de l’Algérie française investissait les femmes françaises des généraux de l’OAS de la tâche de libérer les femmes algériennes de leur voile ; il s’agit également de montrer comment la réécriture de l’histoire de la laïcité à la française dans un discours de l’égalité des sexes a contribué à une nationalisation du féminisme, autrement appelé fémonationalisme ; et enfin, il vise à mettre au jour les mobilisations de femmes musulmanes françaises et voilées qui réaffirment au contraire ce qui dans la pratique de l’islam en Occident relève d’une modernité vernaculaire, au sens où toute modernité fait l’objet d’une réinvention à partir de ses marges, y compris religieuses. Se dessine ainsi autour de cette analyse des féminismes, du voile et de la laïcité à la française la querelle sur la notion même d’émancipation. La femme musulmane voilée la construction d’une féminité déviante 2 Le 6 octobre 1989, année de la parution en traduction française du roman Les versets sataniques de ... 3 En 2003, deux élèves du lycée Henri-Wallon d’Aubervilliers en Seine-Saint-Denis sont exclues de le ... 4 L’affaire du foulard islamique profs, ne capitulons pas ! », appel au ministre de l’Éducation ... 5 L’expression ironique musulman avoué » vient du sociologue Abdelmalek Sayad, désignant par là la ... 6 Sur l’interdiction du port du voile islamique comme déni du travail du care, voir Bentouhami à pa ... 7 La directrice de l’établissement justifie une telle décision au nom de la neutralité philosophiq ... 8 Entretien de Jean-Luc Mélenchon accordé à Marianne, 1er-5 février 2010. 3Il faut comprendre que cette saga des affaires du voile n’est pas nouvelle puisqu’on la fait remonter à 1989. Depuis cette date et jusqu’en 2004, c’est l’école qui est le lieu privilégié des différentes affaires du voile2. La raison en est, comme le dit Balibar, que l’espace scolaire a fourni le lieu privilégié de mise en œuvre des utopies de la citoyenneté » Balibar, 2004 19. De fait, jusqu’en 2003, l’école engageait peu la rhétorique de l’égalité des sexes, mais plutôt celle de l’égalité des citoyens. À ce titre, on peut dire que 2003 marque un tournant dans le registre du discours du scandale3 l’égalité des sexes entre en scène, d’une manière qui certes avait été préparée dès 1989 par la participation de deux féministes historiques » à la rédaction du Munich de l’école républicaine » mais qui n’était pas encore formulée aussi clairement comme un étendard national4. À partir de la loi de 2004 ce ne sera plus seulement le voile qui fait l’objet d’une réglementation minutieuse mais tout ce qui symboliquement peut en être un substitut comme les bandanas, dont on mesurera la longueur dans les établissements, les jupes dont on mesurera également la taille, les pantalons dans les compétitions sportives comme le beach volley. Que s’est-il passé en 2003, et depuis lors, qui a permis cette collusion entre discours féministe, discours de la laïcité et discours de la République comme parangon français de l’émancipation ? De fait le débat public qui a mené à la construction de ce rapport étroit entre laïcité et égalité des sexes, qui doit se préserver de toute intrusion d’une différence culturelle, a trouvé une forme d’institutionnalisation dans les travaux de la délégation sénatoriale aux droits des femmes Jouanno, 2016, comme nous le montrerons par la suite. En témoigne aussi l’extension hors du domaine scolaire de cette obsession du voile. Se déploie en effet ce qui ressemble à une chasse au voile dans le domaine périscolaire, dans les crèches privées, sur les plages publiques, dans les espaces de compétition sportive, autrement dit dans tout ce qui engage une présence publique, visible et reconnaissable aux yeux de tous de l’adhésion à la foi musulmane. Au sein de cet arsenal législatif, administratif et réglementaire prohibitif, porter le voile ou tout autre signe rappelant le voile et le fait d’être une femme musulmane pratiquante – avouée5 » – fait figure de preuve à charge contre son sens de la responsabilité, sa compétence professionnelle ou sportive, sa capacité à s’occuper de ses enfants ou de ceux des autres6, etc. Ainsi, en 2008 débute l’affaire Baby Loup du nom de la crèche privée qui décide de licencier Fatima Afif pour faute grave » en raison de son souhait de porter le voile sur son lieu de travail à son retour de congé maternité7. En mars 2010, Ilham Moussaïd, militante portant le voile, est candidate aux législatives dans le Vaucluse sur la liste du NPA. Cela crée un tollé. Jean-Luc Mélenchon par exemple dit qu’une femme voilée ne peut représenter tout le monde ». C’est donc, selon lui, une erreur » que de présenter une femme voilée à une élection publique8. En octobre 2010, la loi interdisant la dissimulation du visage, visant implicitement le port de la burqa ou du niqab, est votée. L’année précédente, le président de la République avait affirmé en effet devant le Congrès réuni à Versailles que la burqa n’est pas la bienvenue sur le territoire de la République. Ce n’est pas l’idée que la République se fait de la dignité de la femme ». Il contribua ainsi à nouer officiellement et opportunément la rhétorique punitive visant les femmes musulmanes voilées et le discours de l’émancipation des femmes, comme appartenant en propre à la République. En 2012, Luc Châtel, alors ministre de l’Éducation nationale, signe une circulaire interdisant aux femmes voilées d’accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires. Enfin, en 2016, éclate l’affaire des Burkini, en référence aux différents arrêtés municipaux publiés pendant l’été pour interdire sur les plages publiques le port de ce maillot de bain couvrant l’ensemble du corps des femmes musulmanes. 4Ce que l’on retient de cette traque juridique, administrative et même ordinaire du voile islamique – sous quelques formes qu’il puisse se présenter –, c’est la manière dont celui-ci est constitué comme un problème, et pis encore comme une catégorie monstrueuse au sein de la République française, et qui appelle sa correction, voire son bannissement hors de l’espace public, de la visibilité ordinaire bannissement, qui lui-même demande à être validé à chaque fois par un exercice souverain et punitif de la loi. Pour ce faire, on n’hésite pas à recourir à un supposé sens commun du féminisme, progressivement revêtu des valeurs républicaines de la nation française, soit l’égalité des sexes ; le sexisme, le machisme et, plus généralement, la domination masculine étant rejetés du côté des autres musulmans dont les femmes seraient à la fois les victimes et les complices. 9 François Baroin, vice-président de l’Assemblée nationale, rapport Pour une nouvelle laïcité » re ... 10 Lorsque l’affaire des Burkini bat son plein, en août 2016, Jean-Pierre Chevènement, alors pressent ... 5Comme le rappelle l’historienne de la laïcité Florence Rochefort lors de son audition par la délégation le 19 mars 2015, le lien entre laïcité et égalité entre femmes et hommes n’est pas mentionné dans l’avis du Conseil d’État de 1989 sur le voile à l’école, qui aborde le sujet sous l’angle de la liberté religieuse et de la neutralité du service public. Il fait son entrée avec le rapport Stasi en 2003 puis avec le rapport Baroin9. La nouvelle laïcité » formulée par ce dernier explicite clairement – et paradoxalement – cette reformulation d’une laïcité comme s’inscrivant dans une tradition française, dans un esprit français largement fantasmé puisqu’il aurait pour parangon et vertu centrale l’émancipation des femmes – celle-ci devenant un marqueur d’identité nationale –, et pour lequel le dévoilement du corps des femmes serait le meilleur certificat d’authenticité. Déjà avant la publication de ce rapport, la référence à un sens restrictif de la laïcité soit l’égal respect des cultes ; la séparation de l’Église et de l’État, et de manière générale de toutes institutions religieuses ; la neutralité des agents de la fonction publique est régulièrement discutée à l'occasion des affaires du voile à l’école puisque l’on se demande si l’on peut appliquer l’exigence de neutralité dans les dispositions vestimentaires aux usagers et non aux agents de la fonction publique. Mais au fur et à mesure de l’extension du débat sur le voile hors de la sphère strictement scolaire, et notamment depuis les affaires Baby Loup et Ilham Moussaïd, ce qui est mis en cause dans le rappel à l’ordre laïque est la possibilité pour les femmes musulmanes d’être neutres, de représenter l’ensemble des citoyens électeurs dans un mandat politique, de prendre soin des enfants sous leur responsabilité. Autrement dit, on leur reproche la visibilité à la fois de leur sexe et de leur religion, comme étant le signe de leur incompétence citoyenne, professionnelle ou politique. Le discours politique voit dans la rhétorique féministe l’opportunité pour les pouvoirs publics de la République d’apparaître à la fois comme des sauveurs de femmes vulnérables et comme garants virils et intransigeants de la sécurité intérieure. Dans cette perspective, porter le voile hors de chez soi est assimilé à un aveu ce serait s’afficher comme soumise », s’avouer aux yeux de tous comme musulmane. C’est cette apparition ordinaire des musulmanes, reconnaissables immédiatement à leur signe vestimentaire, qui fait de cette visibilité un excès toujours là , quel que soit le degré de visibilité de leur appartenance religieuse, et qu’il faudrait punir jusqu’à obtenir la seule existence possible pour l’islam dans la République française, à savoir la discrétion et l’effacement10. D’où les tentatives sans cesse reconduites d’extension des législations et des mesures administratives prohibitives contre le voile à l’université, dans les entreprises, dans les compétitions sportives internationales où la représentation de la France en équipe nationale est considérée comme incompatible avec le port du voile. 6Qu’y a-t-il de si opportun à passer d’une rhétorique de l’égalité des citoyens à un discours de l’égalité des sexes dans la construction politique du voile comme un problème ? En réalité, dans ce passage d’une logique de l’émancipation à l’autre, se joue une même forclusion c’est au nom de l’égalité des citoyens que la parité, donc la possibilité pour les femmes d’accéder également à la représentation politique, est alors si contestée par les tenants d’une neutralité républicaine qui ne questionnent pas leur propre position en l’occurrence masculine, blanche et à bien des égards aisée socialement Lepinard, 2007 ; de même c’est au nom de l’égalité des sexes qui avait pourtant été l’un des mots d’ordre de la parité auquel s’étaient opposés les garants de la neutralité requise dans la promotion de l’égalité des citoyens qu’on refuse aux femmes voilées le droit de disposer de leur corps et d’apparaître librement dans l’espace public. Dans les deux cas, que ce soit la parité ou le voile, ce serait un même droit à la différence qui serait l’épouvantail de l’universalité et de la neutralité républicaine. Et pourtant, depuis 2003, l’insertion du féminisme dans la rhétorique de la défense de la laïcité s’est présentée comme plus efficace dans une société où la punition, l’interdiction, l’exclusion sont indissociables d’une politique humaniste qui vise à sauver les femmes voilées. Autrement dit, c’est au nom du féminisme que l’on punit les femmes voilées avec ce paradoxe que l’émancipation passe par le dévoilement », le voile étant associé aussi bien aux signes d’une domination masculine exogène, réduite à la spécificité culturelle de l’islam, qu’à la fausse conscience de ces femmes qui se tromperaient en trouvant dans la religion leur salut plutôt que dans l’allégeance aux codes vestimentaires de la neutralité républicaine. 7Il y a pourtant une absurdité à vouloir exclure des jeunes filles parce qu’elles sont victimes d’une discrimination Personne parmi les féministes patentées qui, comme Anne Zelensky, joignirent leurs voix à celles de Pierre-André Taguieff, d’Alain Finkielkraut et de leurs amis, ne réalisa que l’on substituait ainsi à la logique d’extension des droits et des possibles qui a historiquement, pour de bonnes raisons, été celle des féministes, une logique de répression visant exclusivement des femmes Nordmann et Vidal, 2004 9. 8Ainsi, la raison pour laquelle les féministes se sont emparées de la question à savoir les dispositions vestimentaires des femmes et l’idée d’une supposée contrainte dans ce domaine et d’un dispositif disciplinaire patriarcal est également la raison pour laquelle on va exclure les jeunes filles de l’école à savoir l’émancipation des femmes. Le trouble est donc complet. Les filles supposées victimes ou soumises sont devenues des prosélytes, des agents. Il est intéressant de noter comment est réintroduite une forme d’agency d’autonomie pour disqualifier la prétention des filles voilées à parler par elles-mêmes de la teneur de leur expérience. Quoi qu’elles fassent ou disent, leur voile témoigne à charge contre elles soit on les considère comme des victimes, et alors il faut les sauver de leur parents ; soit, si elles disent avoir la liberté de choix, il faut les sauver d’elles-mêmes, considérant alors que nous n’avons affaire qu’à de la fausse conscience, de l’aliénation, voire une des manifestations du syndrome de Stockholm. 9On se retrouve donc devant une forme à la fois inédite et symptomatique de mobilisation de la rhétorique féministe, qui consiste à déposséder les principales concernées de la capacité de se définir elles-mêmes. Il y a là une logique raciste à l’œuvre, au sens où l’on produit de la race par des discours et des dispositifs qui font de la musulmane avouée » c’est-à -dire voilée une des figures de l’ennemi intérieur, dont la caractéristique est précisément qu’il avance voilé, au sens où son hostilité et son agressivité ne sont pas lisibles dans une lecture de la guerre ouverte. Ce qui permet, selon nous, de dire qu’une forme de racisme est opérante dans ces différentes traques du voile, c’est la définition même du racisme celui-ci consiste à attribuer à un individu une conduite d’espèce, autrement dit on prête des qualités, des caractéristiques, des compétences intellectuelles, morales, esthétiques, sportives, à un individu du fait d’une appartenance réelle ou supposée à un groupe auquel il ne pourrait échapper, si bien que tout dans son attitude témoignerait de cette appartenance. Par ailleurs, on peut dénombrer trois processus disciplinaires à l’œuvre dans la production de catégories raciales comme la femme musulmane voilée » l’infantilisation, la pathologisation et la criminalisation. Les femmes voilées seraient à la fois des enfants, des êtres vulnérables qu’il convient de protéger contre leurs frères et leurs pères ; elles seraient malades car elles verraient dans le voile une forme d’émancipation ; et elles seraient dangereuses en ce qu’elles seraient les complices de leurs frères toujours potentiellement terroristes. Dans cette perspective, toute politique d’émancipation d’État devrait donc, selon un continuum certain, éduquer, soigner et punir les femmes voilées. 10L’une des logiques appliquées ici est l’introduction ou plutôt la confirmation d’un différentialisme culturel ou racial, ainsi produit par l’altérisation du sexisme la prérogative de l’hétéropatriarcat, du sexisme, voire de l’homophobie est reportée sur les musulmans. La culture musulmane est ainsi constituée comme une culture spécifiquement patriarcale. Opération de stigmatisation qui a pour vertu politique de faire diversion à son propre sexisme. Il y a donc une gratification symbolique – notamment pour les hommes mais aussi pour les femmes – à altériser le sexisme le sexisme des autres et à se constituer en défenseur de la cause des femmes. On voit aussi se mettre en place avec la nouvelle laïcité » une réécriture opportune de l’histoire de la laïcité dans un sens qui déconflictualise le rapport au féminisme en avançant l’idée que le combat pour la laïcité fut solidaire du combat pour l’égalité des sexes. Laïcité, égalité des sexes et voile une histoire trouble 11L’historienne Joan Scott parle de sexularité » pour qualifier la prétention des tenants de la laïcité à revendiquer une égalité des sexes reposant sur la validation de la différence sexuelle et sur le constat d’une supposée incompatibilité culturelle et sexuelle de l’islam avec la République française Scott, 2012b. La question est en effet de savoir si la laïcité s’est historiquement construite en faveur ou à partir de la promotion de l’égalité des sexes. Comment la nouvelle laïcité a-t-elle contribué à façonner l’incompatibilité sexuelle et culturelle de l’islam en mettant en œuvre la répudiation sociale des femmes voilées ? Comment les femmes voilées ont-elles été constituées comme des femmes dangereuses, menaçant potentiellement à la fois la différence sexuelle à la française et le sentiment de sécurité culturelle ? 12Dans son rapport d’information du 3 novembre 2016, la délégation sénatoriale aux droits des femmes présidée par Chantal Jouanno souligne le point suivant, en s’appuyant notamment sur les analyses d’Élisabeth Badinter 2005 50-53 La délégation estime souhaitable, pour contribuer à la lutte contre les menaces qui affectent aujourd’hui les droits et libertés des femmes, de réaffirmer dans tout notre système juridique le principe d’égalité entre femmes et hommes, qui constitue une dimension essentielle de la laïcité Jouanno, 2016 89. 13L’une des recommandations précises de la délégation concerne le domaine sportif La délégation est d’avis que, dans la perspective de la candidature de Paris aux Jeux olympiques, la France affirme l’exigence de neutralité politique et religieuse des athlètes, conformément à la Charte olympique. Elle estime que ce principe ne saurait s’accommoder d’aucune exception quand il s’agit de femmes, au nom d’une volonté d’inclusion qui revient à nier l’égalité entre les femmes et les hommes ibid. 32. 14Pourtant, ce lien historique étroit entre laïcité et égalité des sexes est difficile à soutenir, comme le montre l’histoire de la laïcité abordée du point de vue du genre par deux historiennes spécialistes de la question, Joan Scott et Florence Rochefort, lesquelles insistent sur la manière dont le sexisme au contraire a joué le rôle d’un ciment de la laïcité » lors des débats qui ont conduit à la loi de 1905, comme nous l’indiquerons ci-dessous. Il ne s’est pas agi, dans cette période que l’on peut dire fondatrice » de l’institutionnalisation de la laïcité républicaine, de défendre le droit des femmes à l’autonomie, à accéder au suffrage universel, ou encore à avoir accès au contrôle de leur droit de reproduction. 15De même, il apparaît que ce n’est que relativement récemment que la question de l’exercice de la laïcité se pose sous la forme de la mixité des sexes dans l’espace public. Le droit à l’espace public est le corollaire de certaines prescriptions vestimentaires de genre. Il est intéressant de voir comment au sein d’un féminisme dit institutionnel la délégation sénatoriale aux droits des femmes, cette logique de prohibition de l’espace public en fonction des vêtements opère de manière symétrique dans un patriarcat d’État et dans un patriarcat domestique l’État prescrit des conduites vestimentaires de genre pour paradoxalement critiquer les prescriptions vestimentaires domestiques. On pourrait arguer que ces prohibitions vestimentaires n’ont rien de spécifiquement français puisque des législations similaires ont été instaurées en Belgique, en Australie, aux Pays-Bas et en Bulgarie mais elles ne s’appliquent qu’aux enseignants et non aux élèves. Cependant, comme le montre Joan Scott, il y a bien une spécificité française dans la manière de viser les femmes et de s’inscrire dans la rhétorique de l’égalité des sexes comme parangon d’une modernité achevée par la France et l’ethnicisation de son identité culturelle majoritaire Scott, 2016. 16Il y a donc là certainement un opportunisme politique à découvrir » l’égalité des sexes pour exclure du récit national et de son espace de visibilité les femmes musulmanes et les musulmans en général, pour exhiber ce que l’on considère comme le marqueur de l’incompatibilité de l’islam avec la République, y compris son incompatibilité sexuelle. Il faut entendre par là l’incapacité supposée pour les musulmans de prendre acte de l’arrangement tacite entre les sexes dans l’espace public, et leur refus de valider une séduction à la française » reposant amplement sur la valorisation de la différence sexuelle et de ses asymétries sociales et politiques. Pour arriver à valoriser cet arrangement entre les sexes et à lui donner une tonalité laïque, il a d’ailleurs fallu réinventer la tradition nationale, et s’inscrire dans ce qui est souvent considéré comme une exception française » il a donc fallu réécrire, réinvestir le contenu de la laïcité en lui donnant une orientation qu’elle n’avait précisément pas. C’est ce à quoi s’attelle une partie du féminisme tel qu’il est incarné par Élisabeth Badinter ou Catherine Kintzler. Selon la première, c’est précisément dans cette logique d’égalité des sexes que 11 Élisabeth Badinter, citée dans Jouanno 2016 92. La loi de 1905 a permis par la suite l’adoption de législations favorables aux droits des femmes, car cette loi a permis une laïcisation des mœurs dont les conséquences émancipatrices pour les femmes sont évidentes indépendance financière, maîtrise de la fécondité, divorce par consentement mutuel, IVG, autorité parentale partagée, sans oublier l’accouchement dit sans douleur auquel l’Église catholique s’est initialement opposée11. 12 Catherine Kintzler, citée dans Jouanno 2016 42. 17Ce rappel historique montre alors pour elles l’enjeu qu’il y a à punir les vêtements musulmans considérés comme archaïques, annulant selon elles la conquête des femmes, aidée par la laïcité. Comment un simple fichu peut autant être investi de sens et d’affect pour former l’image que la République et le féminisme ont d’eux-mêmes ? On assiste en effet à une sur-symbolisation de l’islam et de ses expressions ordinaires visibles. En témoigne le commentaire de Laurence Rossignol comparant le port du voile à la soumission volontaire à l’esclavage. L’affaire du burkini est aussi l’occasion pour Catherine Kintzler, auditionnée par la délégation le 25 mars 2015, de faire le lien entre occupation libre et laïque de l’espace public et égalité des sexes. La laïcité garantit selon elle la liberté, fondamentale pour les femmes, de pouvoir sortir sans être sommée à chaque instant de rentrer, s’entendre dire qu’on n’a rien à faire là , ou que si on est là sans avoir rien à faire, c’est qu’on se prostitue12 ». Le régime laïque serait ce qui permet aux femmes non seulement de sortir de chez elles – question dont elle rappelle qu’elle ne s’est jamais posée pour les hommes – mais aussi de sortir de leur propre condition L’exclusion des femmes de l’espace public rejoint la question des prescriptions vestimentaires et de l’usage consistant à cacher le corps des femmes, autorisées à sortir en dehors du domaine privé de la maison si elles portent une tenue qui les dérobe aux regards Jouanno, 2016 43. 18Or, l’inscription du féminisme, de l’égalité des sexes dans l’histoire de la laïcité comme étant la conséquence naturelle ou l’enjeu naturel de la laïcité est erronée. Jean Baubérot, spécialiste de l’histoire de la laïcité, remet en cause l’idée d’une consubstantialité entre laïcité et féminisme. Sans identifier strictement laïcité et anticléricalisme, il précise toutefois que, historiquement, l’anticléricalisme va être antiféministe » Baubérot, 2014 88. Joan Scott se dit elle-même troublée par cette invocation de la laïcité comme principe de l’égalité de genre Cela n’était certainement pas la préoccupation des anticléricaux qui ont inventé le terme en 1871, ni celle des auteurs de la loi de 1905 qui prescrit la neutralité de l’État en matière de religion et ne dit absolument rien de la façon dont les femmes doivent être traitées. C’est plutôt la nouvelle laïcité » formulée par le rapport Baroin qui a fait entrer l’égalité entre les hommes et les femmes dans les principes fondateurs de la République. Elle transfère l’exigence de neutralité de l’État à ses citoyens, des institutions et des représentants de l’État à tout l’espace public et à tous ses habitants. La nouvelle laïcité » exige des individus qu’ils comprennent que la neutralité, définie comme l’absence du plus modeste signe d’affiliation religieuse, est la condition sine qua non de l’appartenance à la nation Scott, 2016. 19Alors que le féminisme a pu inclure une certaine forme de laïcité, la laïcité en retour n’a pas été le lieu d’émergence directe de l’égalité entre les sexes. On peut même dire qu’un compromis social s’est mis en place pour ne pas constituer l’égalité des sexes. L’objectif des auteurs de la loi de 1905 n’était pas de promouvoir les droits et libertés des femmes. Florence Rochefort a mené une réflexion en vue d’introduire une histoire des femmes et du genre dans l’histoire de la laïcité, qui, à l’époque, était abordée à l’aune d’une neutralité masculine. Elle a souhaité interroger l’histoire de la laïcité à partir de l’histoire des féminismes et des droits des femmes, plutôt que de la convoquer comme un étendard du féminisme, ou même de nier les apports d’une certaine laïcité à l’égalité des sexes. Ce qu’il est intéressant de voir à son propos et qui est différent de l’approche de Baubérot pour qui les anticléricaux sont des antiféministes, c’est de voir ce qui a pu faire l’objet d’un pacte de genre » 13 Florence Rochefort, audition au Sénat, dans Jouanno 2016 5. C’est pourquoi l’idée de pacte laïque, à laquelle j’associe l’idée de pacte de genre, me semble importante. Afin d’éviter toute guerre civile ou politico-religieuse, des compromis et des alliances se forment autour de la restriction de l’égalité des sexes. Très souvent, ce principe fait consensus et a permis aux forces politiques et religieuses de travailler ensemble. À ce titre, le conservatisme de genre a joué le rôle de ciment de la laïcité, qui témoigne ainsi de ses effets ambivalents13. 20La question en effet était plutôt de savoir à qui appartenait le corps des femmes ? Ce n’est que dans ce cadre-là que l’on peut comprendre que les catholiques soutiennent les droits politiques des femmes et non les droits civils, car ils tiennent à la figure du chef de famille, et les femmes sont censées voter comme leur mari. En raison de cette méfiance, les républicains refusent aussi toute avancée et toute cession des droits de la femme. Ce constat s’applique aussi aux lois républicaines de la IIIe République encourageant l’instruction des filles il s’agissait, selon le député Camille Sée, à l’origine de la loi du 21 décembre 1880 sur l’enseignement secondaire des jeunes filles, de fournir des compagnes républicaines aux hommes républicains » Baubérot, 2014 88. L’exposé des motifs de la proposition de loi pose clairement les termes du débat Il ne s’agit ni de détourner les femmes de leur véritable vocation, qui est d’élever leurs enfants et de tenir leur ménage, ni de les transformer en savants, en bas-bleus, en ergoteuses. Il s’agit de cultiver les dons heureux que la nature leur a prodigués, pour les mettre en état de mieux remplir les devoirs sérieux que la nature leur a imposés ibid.. 21Dans le même esprit, c’est à Jules Ferry, pourtant relativement sensible à la cause féministe dès la fin du Second Empire, que l’on doit ces remarques incisives Les évêques le savent bien celui qui tient la femme, celui-là tient tout, d’abord parce qu’il tient l’enfant, ensuite parce qu’il tient le mari. […] Il faut choisir, citoyens il faut que la femme appartienne à la Science, ou qu’elle appartienne à l’Église ibid.. 22Comme le précise Jean Baubérot, Ferry n’envisage pas que les femmes puissent s’appartenir à elles-mêmes » ibid.. On constate donc que, depuis sa création en 1871, le mot laïcité » est source de conflits chez les militants anticléricaux. Il a été utilisé pour déstabiliser la puissance de l’Église catholique, c’est-à -dire d’une religion institutionnalisée qui avait la mainmise sur l’éducation et donc, sur la formation des citoyens. Et aujourd’hui, la laïcité fonctionne selon une logique de l’enclos qui vise à immuniser l’identité française de toute contamination musulmane. Les femmes, aujourd’hui comme hier, sont considérées comme un danger potentiel pour la République, parce qu’elles seraient toujours sous influence et incapables de se posséder sous l’influence du prêtre hier, et aujourd’hui pour les femmes voilées, sous l’influence des mâles de leur foyer ou de leur communauté. Il y a cependant une spécificité dans le défaut d’assimilation » des femmes musulmanes, par rapport au défaut de compétence citoyenne » des femmes françaises au début du combat entre laïcité et Église l’introduction de la rhétorique de l’émancipation pour des femmes constituées comme Autres, racialisés. Il nous semble, par conséquent, qu’il faille apporter une autre hypothèse de lecture à celle formulée par Joan Scott. Selon cette dernière, comme nous l’avons vu, le souci de préserver la différence sexuelle et une forme d’érotisme de la domination par l’exhibition des corps dénudés permet de rejeter les femmes voilées hors de l’espace de la séduction, et donc de l’espace public qui serait ainsi tenu pour le lieu par excellence de la rencontre sexuelle. Cette construction de l’incompatibilité sexuelle de l’islam, qui fait des hommes musulmans des prédateurs des femmes blanches, et des femmes musulmanes des partenaires rétives à la rencontre sexuelle, ne se comprend pas sans la réactivation d’un certain orientalisme sexuel, que les féministes françaises musulmanes tentent de déjouer. L’impensé colonial et la formation d’un féminisme français musulman 23Parler du féminisme et du voile, c’est s’inscrire dans un temps historique plus long qu'on ne le croit – que l’on fait pourtant ordinairement démarrer en 1989 –, c’est aussi s’inscrire dans une géographie perturbée ou les rapports entre centre territorial et de pouvoir et périphérie sont troublés par les flux migratoires historiques entre anciens territoires colonisés et ancienne métropole. La perception française du voile s’inscrit dans ce rapport historique dense, colonial, entre l'islam comme religion colonisée » et la République impériale. La colonisation française dans les pays musulmans n’a pas été simplement une conquête des terres et du pouvoir local, elle a également procédé à une expropriation identitaire » en instituant notamment l’islam comme une religion colonisée » Sayad, 2014 il faut entendre par expropriation identitaire l’impossibilité, entretenue par le pouvoir colonial, pour un peuple de se définir par lui-même à partir de son propre système de valeurs culturelles. Ainsi il fut un temps où non seulement la France se disait puissance musulmane », mais où la laïcité elle-même était pratiquée selon des accommodements compatibles avec la perpétuation de sa domination sur les territoires colonisés Achi, 2004. La loi de 1905 fut ainsi appliquée avec des mesures dérogatoires permettant la continuation du contrôle des ministres du culte musulman dans les territoires colonisés. Autrement dit, dans ce contexte colonial, la République arrangeait elle-même des exceptions à la laïcité à des fins de contrôle d’une religion dont elle voulait orienter la promotion dans un sens compatible avec la perpétuation de sa domination. À cette même époque coloniale la catégorie de musulman était davantage juridique que confessionnelle stricto sensu, puisqu’elle signifiait la non-citoyenneté Le Cour Grandmaison, 2010. 24La rhétorique féministe de l’égalité des sexes et de l’émancipation des femmes, conjointement à la rhétorique de la modernité de la civilisation occidentale, a joué un rôle à la fois dans la conquête coloniale et dans la façon dont on a voulu préserver les territoires colonisés. Les représentations du voile dans les pays musulmans colonisés alimentèrent l’imaginaire et les réflexions des administrateurs territoriaux français pour assurer la conquête des esprits nécessaire à toute domination durable en territoire étranger. C’est à l’aune de cette histoire coloniale du voile et de l’Islam, et de cette mémoire postcoloniale qu’il faut lire les différentes affaires du foulard islamique. 25Il est clair en effet que les récurrences des affaires du voile puisent aussi dans les réminiscences de la mission civilisatrice » coloniale qui vantait le traitement supérieur des femmes françaises bien avant qu’elles aient le droit de vote ou qu’elles soient libérées des restrictions des codes napoléoniens par rapport à celui des femmes indigènes », dont les voiles pouvaient alors avoir un attrait érotique, et n’étaient pas comme aujourd’hui considérés uniquement comme un signe de répression sexuelle. Cette réminiscence de mission civilisatrice » s’est ainsi clairement exprimée lorsque Manuel Valls, alors Premier ministre, convoqua le symbole national d’une Marianne dévêtue, poitrine nue, qui serait devenue une réplique républicaine de l’icône allégorique de La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix. Marianne à la gorge offerte incarnerait les femmes françaises émancipées par opposition aux femmes voilées qui seraient soumises à l’islam. À quoi correspond alors cette volonté politique de dévoiler les femmes ? Peut-on trouver dans l’histoire coloniale un antécédent à cette volonté ? Et que peut signifier la réactivation de cet impératif de dévoilement dans une France postcoloniale ? 26C’est à Frantz Fanon que l’on doit l’évocation la plus célèbre de ce que l’on appela alors la bataille du voile » durant la guerre d’Algérie Fanon, 2011 il s’agit du célèbre dévoilement de femmes algériennes du 13 mai 1958. Alors qu’une révolte menace de renverser le gouvernement français, une cérémonie de dévoilement des femmes musulmanes est organisée en soutien à la fraternité française et à l’Algérie française ». On y voit des femmes françaises retirer publiquement leur voile à des femmes indigènes », visiblement ravies. Selon Fanon, ces femmes, manipulées, avaient été choisies parmi des domestiques menacées de renvoi, de pauvres femmes arrachées de leur foyer, des prostituées » ibid. 44. Au cœur de cette mise en scène étaient les femmes françaises membres du Mouvement de solidarité féminine, dont la mission portait sur la promotion de l’hygiène et l’accompagnement à la maternité des femmes indigènes ». À la tête de ce mouvement, se trouvait Mme Raoul Salan, épouse du commandant des forces armées françaises en Algérie. Ce souci apparent pour les femmes musulmanes s’expliquait en partie par le choix dès 1955 du gouverneur général Jacques Soustelle, avec des officiers revenus de la guerre d’Indochine pleins de l’amertume de la défaite, d’orienter les actions civiles dans le sens d’une contre-guérilla, dont l’un des aspects essentiels est de diviser les foyers indigènes » – notamment ruraux – en promouvant l’occidentalisation des femmes. Autrement dit, face à une démographie considérée comme galopante, le 5e bureau de l’état-major de l’armée livre une véritable guerre de valeurs – utilisant les instruments de l’avancement de la cause féminine – en envoyant dans les douars les infirmières des équipes médico-sociales itinérantes EMSI prodiguer les soins aux nouveau-nés ainsi qu’à leurs mères. Les EMSI sillonnèrent toute l’Algérie de 1957 à 1962, soutenues par l’idée développée par l’état-major selon laquelle avec l’évolution de la femme musulmane, l’Algérie trouvera la paix » MacMaster, 2012 64. 27Cette préoccupation stratégique pour les femmes algériennes est ancienne en réalité. Une fois achevées les pacifications territoriales en Algérie, le voile et le haïk le voile couvrant le visage des femmes du menton au nez furent très vite au xixe siècle un objet de préoccupation majeure pour les administrateurs coloniaux. Dans les années 1860, le général Eugène Daumas, directeur des Affaires de l’Algérie au ministère de la Guerre et commanditaire d’expéditions punitives contre les tribus rétives au paiement de l’impôt colonial, s’attela à préciser le rôle que devait jouer la femme arabe dans la pacification culturelle pour briser les résistances des esprits et asseoir l’amour de la France dans les cœurs » d’une façon qui les rendît aptes à la véritable civilisation Je me suis mis à l’œuvre, mû principalement par cette pensée politique, que si je parvenais à déchirer le voile qui couvre encore les mœurs, les coutumes, les idées justes ou fausses, de ce peuple il deviendrait plus facile de lui choisir habilement les remèdes qui pourraient convenir le mieux, aux maladies morales dont nous le croirions atteint Daumas, 1912 2. 28Mais cette attention particulière au voile n’est pas à reléguer aux prémisses historiques de la colonisation comme modèle thérapeutique pour une culture malade », ou comme modèle de pénétration douce des consciences dans le cadre d’une politique de civilisation des mœurs, elle fut également décisive durant la guerre d’Algérie dans les offensives militaires de contre-guérilla, comme pratique de torture certains soldats français procédèrent dans les bleds à des dévoilements forcés des femmes pour les humilier, dévoilements qui pouvaient se révéler être le geste initial menant à des viols répétés, et punitifs pour les femmes que l’on soupçonnait de sympathie pour le Front de libération nationale MacMaster, 2012 82. De fait, le voile, notamment dans les centres urbains, a pu devenir le signe distinctif d’une résistance ordinaire visible à la supposée émancipation française qui voulait garder la mainmise sur l’Algérie. 29C’est ce lien historique entre dévoilement et émancipation en contexte colonial qui est dénoncé aujourd’hui, sous une autre forme, par des féministes musulmanes qui insistent à la fois pour rappeler qu’elles sont françaises et qu’elles n’ont de leçon à recevoir de personne en matière de féminisme. Elles se situent ainsi dans une perspective qui consiste à décoloniser le féminisme français. Il faut entendre par là la volonté de critiquer l’impensé colonial de la République française qui tend souvent à considérer les femmes musulmanes et l’islam en général comme une figure de l’étranger et de l’ennemi. Mais il s’agit aussi de s’adresser à un certain métarécit du féminisme français qui continue de penser en termes de vagues » le récit de ses luttes pour l’émancipation, adoptant ainsi une géographie occidentalo-centrée niant les luttes d’autres femmes subalternes, non occidentales ayant noué leur propre lien entre religion et émancipation. Dans cet esprit le collectif Mamans toutes égales est né, à la suite de la publication de la circulaire Châtel interdisant aux mères de famille voilées d’accompagner les enfants lors des sorties scolaires. L’une de ses membres éminentes, Ndella Paye, rappelle aux féministes, relevant la logique d’exclusion des musulmanes voilées de l’espace public, que le féminisme ne peut consister à sauver des femmes non blanches que l’on a préalablement minorisées et renvoyées du côté du consentement à l’oppression Comment des femmes arrivent-elles à reproduire sur d’autres femmes ces mêmes mécanismes qu’elles dénoncent, sans que cela ne les ébranle le moins du monde ? La seule réponse qui me vient à l’esprit est qu’elles sont tellement ethnocentrées qu’elles sont aveugles à la contradiction, pourtant flagrante. […] Pourquoi exiger de moi que j’enlève mon foulard parce que certaines ont lutté pour se dénuder ? En quoi ce bout de tissu que j’ai sur la tête remet en cause des années de luttes de femmes ? En fait, ce que ces femmes me disent depuis plus de dix ans c’est ton corps nous appartient ». Comment pouvait-il en être ainsi pour des femmes qui luttent depuis des décennies pour s’approprier leur corps ? Paye, 2015 14 Karima Mondon, Monsieur le Premier ministre, je fréquente plus de femmes voilées que vous », let ... 15 < ... 30De fait Ndella Paye, musulmane voilée, se revendique de l’afro-féminisme, c’est-à -dire de ces luttes et de cette théorisation issues des mouvements du pouvoir noir-américain des années 1960, et qui furent l’occasion pour les féministes noires d’interpeller les féministes blanches sur la spécificité de leurs expériences de dépossession et de violence comme les stérilisations forcées, le travail du care, les ravages de la drogue dans les quartiers, et de dénoncer l’universalisation des mots d’ordre des féministes blanches qui ont eu tendance à invisibiliser les luttes des femmes noires. Ainsi en fut-il par exemple de la revendication du droit à l’avortement, alors même que les femmes noires luttaient contre les avortements non consentis. L’interpellation ne niait pas la pertinence de ce combat mais soulignait l’absence de prise en compte de l’expérience spécifique des femmes noires qui aurait pu donner lieu à l’élargissement du mot d’ordre, et surtout à un combat intersectionnel » contre le capitalisme ravageur au sein des familles noires de classes populaires, contre le racisme et le legs postesclavagiste des institutions, contre les violences sexuelles subies par les femmes noires. Kimberlé Crenshaw a forgé le concept d’intersectionnalité, que revendique Ndella Paye, pour saisir ce qui dans les expériences minoritaires relevait de plusieurs formes de domination imbriquées entre classe, race, genre Crenshaw, 2005 ; Dorlin, 2008. Bien que n’ayant pas donné lieu pour l’instant à un corpus théorique spécifique au contexte républicain français Ali, 2012 ; Hamidi, 2017 ; Latte Abdallah, 2010, le féminisme musulman français, issu des luttes des femmes contre l’islamophobie qui les visait tout particulièrement, cherche également à penser l’émancipation à l’école. Ainsi, Karima Mondon, enseignante de l’Éducation nationale, créa un dispositif scolaire d’aide aux jeunes filles voilées expulsées des établissements scolaires à la suite de la loi de 2004 L’école ouverte ». L’initiatrice de ce dispositif essaie de mettre en pratique la pédagogie de l’émancipation à l’école à partir de la philosophie de Jacques Rancière développée dans Le maître ignorant, en montrant comment peuvent se concilier à l’école réalisation de l’égalité, exercice libre de la raison, et port du voile, c’est-à -dire une expression visible de l’adhésion à la foi musulmane. Pour Karima Mondon, connue pour ses prises de position publiques face à Manuel Valls, le voile n’existe pas. Il existe des individus portant mille et une formes de tissus pour mille et une raisons14 ». C’est dans cette même configuration plurielle des manières d’être musulmane que Lallab se présente comme un magazine en ligne et une association [fondés en 2016 entre autres par Sarah Zouak] dont le but est de faire entendre la voix des femmes musulmanes pour lutter contre les oppressions racistes et sexistes ». Lallab s’inscrit ainsi dans un répertoire intersectionnel des mobilisations puisqu’elles refusent de choisir entre être féministe » et être musulmane ». De même, avec le collectif Les Femmes dans la mosquée, Hanane Karimi souhaite montrer comment l’on peut être à la fois musulmane et combattre pour son émancipation, dans ce lieu souvent perçu comme le parangon d’un sexisme proprement musulman, à savoir la mosquée. Ce collectif cherche avant tout à mettre en œuvre un principe d’égalité confessionnelle dans les lieux de prière contre la relégation des femmes dans des espaces confinés. À travers le combat pour la dignité des espaces de prière féminins, et plus largement avec celui d’Hanane Karimi, s'affirme la volonté de définir par soi-même, et en s’adressant directement aux dont elle est l’une des voix, les conditions de l’égalité des femmes et des hommes au sein d’une culture musulmane sans cesse questionnée à partir de son expérience de la migration15. 31L’un des enjeux principaux autour des différentes affaires du voile réside dans ce que l’on entend par émancipation, c’est du moins les termes par lesquels les femmes voilées féministes identifient ce nœud politique propre à la République française peut-on encore parler d’émancipation lorsque celle-ci fait l’objet d’une politique de sauvetage qui en reporte le coût sur les principales intéressées, autrement dit qui punit la supposée victime pour mieux la sauver d’elle-même ? Les principales concernées en l’occurrence ont développé dans leurs propres lexiques alliant foi et féminisme un discours de promotion de l’égalité entre les sexes, entre les femmes et entre les citoyens.
À la pointe de la Bretagne, le chenal du Four qui porte le nom de son phare emblématique, est un des passages permettant d'accéder ou de quitter la mer d'Iroise. Ici, les forts courants de marée peuvent lever une mauvaise mer si la houle est de la partie. Pour emprunter ce chenal, il faudra prendre quelques précautions que nous allons vous livrer. Reportage Passage d'un raz Navigation délicate, le passage d'un razLe passage du Raz Blanchard expliquéConseils pour passer le chenal du Four Le chenal du four, avec le Raz de sein, est un des deux principaux sas d'entrée et de sortie de la mer d'Iroise. Comme tout chenal ou raz soumis à un fort courant de marée, il convient d'aborder le chenal du Four avec prudence. En effet, si la houle se heurte au courant de marée, la mer sera vite qualifiée de casse bateau. Le Four, un passage singulier Le chenal du Four ne ressemble en rien au raz Blanchard, au Fromveur ou au raz de sein. Voyons ses particularités Le chenal du Four est un passage côtier, mais à part l'Aber Ildut, il n'y a pas d'abri sur le trajet permettant une escale. Le port du Conquet assèche à marée basse. Le chenal du Four est un passage assez long entre le phare éponyme et la pointe Saint Mathieu. On comptera presque 13 mn, alors que le raz de sein est beaucoup plus court 2 à 3 mn. Autrement dit si vous irez très vite avec le courant favorable, ce trajet durera une éternité contre le courant. La largeur réduite de ce chenal n'invite pas à y tirer des bords ou alors il ne faudra pas compter ses virements ou empannages. Les bords extérieurs du chenal sont littéralement mal pavés, couverts de roches émergentes. Il ne faut sortir du chenal qu'avec une bonne maitrise de sa position sur la carte. Et comme dans tous les passages intégrant un fort courant, n'oublions pas que le vent s'opposant au courant lèvera une mer mauvaise, mais cette fois dans le chenal du Four il y a de la distance à parcourir. Passer le chenal du Four, c'est choisir son heure Pour attendre le bon moment de passage, les instructions nautiques nous proposent d'attendre au nord dans le port de l'Aber Wrac'h ou de Portsall. Si le conseil est bon, il doit être tempéré, car ces deux abris sont loin d'être facile d'accès avec du vent et de la houle. Donc, là encore, prudence si les conditions météo ne s'y prêtent pas. De jour, ça va, mais en pleine nuit il faudra y songer à deux fois. Au sud, le port d'attente idéal est celui de Camaret, très facile d'accès. Cap au sud Pour faire route du nord vers le sud, il faudra se trouver à hauteur du phare du four à compter de la renverse de PM de Brest, c'est-à -dire juste avant le jusant le courant de marée descendante. Là , le courant vous emportera avec lui jusqu'à la pointe Saint Mathieu. Il vous suffira alors de suivre les nombreuses balises qui bordent l'étroit chenal. Cap au nord Cette fois faisant route du sud vers le nord. Vous vous présenterez à hauteur de la pointe Saint Mathieu l'entrée sud du chenal du four, idéalement, à l'heure d'étale de BM de Brest. Ce moment correspond au début du flot le courant de marée montante qui vous emportera en Bretagne Nord. Un dernier conseil avant le chenal du Four, allez sur internet ! Tout d'abord, n'hésitez pas à lire l'article consacré à l'attitude à adopter dans un raz en fonction de la direction du vent afin de ne pas vous retrouver dans des situations plus qu'inconfortables. Enfin, comme la prudence impose de ne pas embouquer le chenal les yeux fermés, nous vous invitions à consulter les données océanographiques locales diffusées par Ifremer. Sur leur site spécialisé, on peut consulter les spectres de l'état de la mer la houle primaire et secondaire et la mer du vent. C'est une aide précieuse que vous pouvez exploiter avant d'emprunter ce chenal. Lien en bas de l'article Avec ces quelques conseils, vous voilà prêt à passer ce chenal à la réputation sulfureuse en toute sécurité. Plus d'articles sur les chaînes J'aime
©marko8904 Ma vie, mes études. C’est le nom que nous avons donné à une nouvelle série d’articles que nous aimerions partager avec vous. Plus précisément des interviews. L’idée est de donner la parole à des étudiants, de préférence en fin de cursus, ou à des anciens étudiants afin qu’ils partagent leur expérience et ainsi montrent et démontrent aux plus jeunes qu’il est possible de choisir telle filière, telle discipline, pour exercer tel métier quand on est musulman en France. Aujourd’hui, c’est avec Nadia, une jeune interne en médecine qui a bien voulu inaugurer cette nouvelle rubrique. Al-Kanz Pourriez-vous expliquer à celles et ceux qui ne savent pas exactement à quoi cela correspond ce que signifie interne en médecine » ? Nadia Les études de médecine sont composés de trois cycles. Le premier cycle correspond à la première année et la deuxième année de médecine. Le deuxième cycle correspond à la troisième jusqu’à la sixième année. Le troisième cycle correspond l’internat. Pour être encore plus claire, à partir de la quatrième année de médecine appelée DCEM2 deuxième cycle des études médicales 2, on est externe, on passe la moitié du temps à l’hôpital et l’autre en cours. Ensuite après le concours de fin d’étude, on accède à l’internat. Nous devenons médecins, mais nous ne sommes toujours pas docteur. Il faudra passer sa thèse et finir son internat pour ça. Lorsqu’on est interne, on passe tout son temps à l’hôpital. Tous les six mois nous changeons de lieu de stage. Al-Kanz Qu’est-ce qui vous a amené à des études de médecine ? Nadia Depuis toute jeune, j’ai voulu m’orienter vers ces études. Quand je dis toute jeune, c’est vers la primaire. Je disais déjà que je voulais être pédiatre. Bon entre temps j’ai changé d’avis. Comme une vocation je dirais, je ne me suis jamais posé de question, c’était soit ça soit rien. Al-Kanz Le plus souvent, les enfants d’immigrés regrettent n’avoir pu être au fait des différentes filières existantes. Diriez-vous que vous avez été bien orientée au cours de votre scolarité ? Nadia Je n’ai pas eu besoin d’être orientée, car je savais déjà ce que je voulais faire et j’étais déterminée. Je me rappelle juste d’une professeur qui me décourageait en me disant que je n’arriverais jamais à devenir médecin. Et une autre professeur qui essayait de me faire changer d’avis pour plutôt m’orienter vers une école préparatoire. Al-Kanz A quoi ressemble la vie d’une étudiante musulmane en médecine qui porte le voile ? Nadia Je vais pas vous le cacher, ce n’est pas toujours facile. Pendant les premières années, il n’y a pas encore de difficultés. C’est quand commence les stages à l’hôpital que les difficultés commencent. A ma grande surprise, les difficultés se posent avec certains collègues et non avec les patients. On a pourtant tendance à penser le contraire. Le patient nous perçoit en tant que médecin ou étudiant hospitalier. Dès lors que nous sommes compétents et à l’écoute de ses attentes, les malades nous acceptent tel qu’on est. En revanche, les collègues, enfin certains, peuvent avoir des réflexions désagréables. On est parfois jugé sur ses apparences et non sur ses compétences. Al-Kanz Auriez-vous à nous raconter une anecdote heureuse en rapport avec votre voile ? Nadia Il y en a tellement. Je vais essayer de vous raconter celle qui m’a le plus marqué. Je n’oublierai jamais le soutien de notre doyen de l’époque qui nous a permis de porter une charlotte de façon permanente. Il nous a toujours soutenu. Autre anecdote je me rappelle d’une vieille dame algérienne musulmane, de plus de 80 ans, dont je m’étais occupée. Ce qui m’avait le plus touché, ce sont ses invocations lors de son départ, invocations qui d’ailleurs se sont exaucées. Al-Kanz Et au contraire une anecdote malheureuse ? Nadia Malheureuse c’est un bien grand mot. Je dirais désagréable et encore… C’est les réflexions de collègue du genre t’as des poux », parce que je portais une charlotte. Ou bien Laura Ingalls » [nom d’un personnage d’une célèbre série américaine, NDLR], mais encore ça ce n’est pas méchant. Des petits pics comme ça au quotidien. Rien d’important. Al-Kanz Pour finir, que conseilleriez-vous aux jeunes filles qui veulent entreprendre des études de médecine ? Nadia De bien réfléchir avant de faire ce choix. Il faut se mettre dans la tête que l’on part dans un long et périlleux périple de neuf ans ou plus si on fait une spécialité. Je tiens aussi à casser le mythe de c’est la première année le plus dur. Après ça va ». Ce n’est pas vrai, c’est de pire en pire chaque année. Ce sont des études difficiles et ça demande beaucoup de sacrifices, surtout pour une femme. Si en plus de ça vous êtes voilée, réfléchissez encore plus, car votre parcours pourra – ou non – être encore plus difficile sur le plan moral. Ce n’est pas toujours facile de toujours devoir se justifier, toujours devoir prouver plus que les autres ses compétences. C’est comme si nous n’avions pas le droit à l’erreur. Quand vous aurez pesé le pour et le contre, prenez enfin votre décision, mûrement réfléchie. Si j’ai tenu autant d’années, c’est que c’était une vocation sinon je ne pense pas que j’aurai continué. Pour moi, le chemin a été long et éprouvant pour diverses raisons, mais al HamduliLlah louange à Dieu, j’en vois bientôt le bout in cha’a-Llah.
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